Genève a connu en 2015 la deuxième plus forte augmentation de sa population depuis les années soixante. Le canton encourage les naturalisations pour contourner d’éventuels quotas d’étrangers. Et importe de la main-d’œuvre pour faire «tourner la boutique»
«Devenir Suisse, mode d’emploi». C’est le nouveau dépliant promotionnel de Genève, qui fait ainsi l’article de la naturalisation auprès des étrangers du canton. Une décision politique que le conseiller d’Etat Pierre Maudet, en charge de l’économie et de la sécurité, a motivée mardi lors de la conférence de presse annuelle de l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM).
Cette décision s’explique par plusieurs raisons. Par une anxiété d’abord, suite à l’initiative du 9 février contre l’immigration de masse: «Le gouvernement genevois a demandé une solution compatible avec les accords bilatéraux, explique Pierre Maudet. Mais pour le moment, la Suisse s’enfonce dans l’impasse. Or, il pèse déjà sur nos entreprises une inquiétude fiscale et le problème du franc fort. Ajouter des incertitudes quant à la main-d’œuvre immigrée n’est pas souhaitable.» Le magistrat a donc tiré cette conclusion, joli pied-de-nez à l’initiative UDC: «Si un certain nombre d’étrangers deviennent suisses cette année, ce sera tout cela de gagné sur les éventuels contingents.»
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Ensuite, les exigences pour demander le passeport suisse vont se durcir dès janvier 2017, date de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale sur la nationalité suisse. A l’avenir, seuls les permis C pourront demander la naturalisation, et il ne suffira plus d’être le conjoint d’un national. «On s’attend à ce que davantage de titulaires d’un permis B fassent une demande», estime Pierre Maudet. Et le magistrat s’en trouverait ravi, pour une raison toute arithmétique: «C’est grâce aux naturalisations, et non aux naissances, insuffisantes, qu’on parvient à maintenir stable le nombre de Suisses par rapport au nombre d’étrangers.»
En 2015, 41,2% de la population genevoise est étrangère, a rappelé Bernard Gut, directeur général de l’OCPM. Une proportion dont Genève a historiquement l’habitude, puisqu’elle était identique il y a tout juste cent ans. La moitié est au bénéfice d’un permis C et 65% est originaire de L’Union européenne et de l’AELE, Portugais, Français, Italiens, Espagnols et Britanniques tenant la tête. Cette immigration est économique, puisque 71% de cette population étrangère est potentiellement active. Un souffle pour le canton, que Pierre Maudet résume ainsi: «Sans ces arrivées d’actifs, on aurait un problème économique car la boutique ne tournerait pas!» Concernant les frontaliers, 16 000 autorisations de plus ont été délivrées l’an dernier. Si la part de la population suisse a aussi augmenté en 2015, de 1,9%, c’est grâce aux 6000 naturalisations effectuées (Le Temps, 23 février 2016). Avec un solde migratoire (différence entre les arrivées et les départs) positif (+6265), le canton démontre une belle attractivité: on le quitte moins qu’on ne s’y attache.
Pour la seconde année consécutive, Genève a donc connu la plus forte augmentation de sa population depuis les années soixante: 8033 personnes de plus, soit 1,7% en un an. Avec 490 578 habitants à l’heure actuelle, tout porte à croire que le seuil du demi-million sera franchi cette année.
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